Une utilisation au fil des siècles
Vers le début du VIème siècle, l’ouvrage est définitivement abandonné, au moment où Francs et Wisigoths se partagent la région parcourue par l’aqueduc. La conduite commence à servir de carrière.
Le Pont du Gard (Yann De Fareins)
Vers le XIIème siècle
Les douze premières arches du troisième étage sont prélevées pour bâtir plusieurs églises et édifices des environs. Le passage supérieur du pont, plus large mais plus dangereux, est condamné.
XIIIème siècle
La première mention du Pont du Gard apparaît, sous la forme Pons de Gartio, dans un document de 1295 à propos d’un droit de péage que le roi de France, Philippe le Bel, céda au seigneur d’Uzès en échange de la baronnie de Lunel.
XIVème siècle
Venant d’Uzès, la route menant à Beaucaire et à sa foire renommée passe par le Pont du Gard. Le trafic en augmentation pousse (droit de péage, perçu alors par les évêques d’Uzès), à aménager un meilleur passage pour les charrettes. Des rampes d’accès sont bâties et on échancre les piles du deuxième étage (côté ouest). Le danger était réel pour l’ouvrage qui aurait pu alors s’effondrer. Les constructeurs du pont d’Avignon, puis de celui de Pont-Saint-Esprit s’inspirent du Pont du Gard.
XVème siècle
Hiver 1429-1430, à la suite d’une forte crue du Gardon dans l’hiver, le roi Charles VII aurait donné l’ordre aux États du Languedoc « de travailler sans délai à réparer cet édifice extrêmement endommagé. »
XVIème siècle
1565, La carte de Charles de L’Ecluse est la plus ancienne mentionnant le Pont du Gard : « pont admirable, œuvre des Romains, jadis aqueduc. »
XVIIème siècle
Les compagnons du Tour de France adoptent l’usage de venir saluer et s'inspirer de cette prouesse de l’architecture de pierre. Ils y laissent leurs marques et leurs outils gravés. Plus de 320 marques compagnonniques ont été relevées sur l’édifice. La marque la plus ancienne remonte à 1611, la plus récente de 1989. Aujourd'hui plus personne ne grave son nom dans la pierre.
De 1696 à 1702, sous la direction des architectes Daviler et de Laurens, d'importants travaux de restauration sont conduits pour réparer les dégâts causés par la circulation et le creusement des piles : encorbellements et colmatages des échancrures.
Marques compagnonniques (Stéphane Barbier)
XVIIIème siècle
Entre 1743 et 1747, Les Etats du Languedoc ordonnent la construction d'un pont routier accolé au pont-aqueduc. Henri Pitot (tube Pitot et aqueduc du Montpellier) est l'ingénieur chargé de ce projet. La carrière de l’Estel est réouverte.
Découvrez ou téléchargez l'histoire d'Henri Pitot : l'homme, l'ingénieur et ses inventions (1695-1771) par Michel Desbordes, professeur Polytech'Montpellier et Michel Lescure, directeur de la Modernisation et du Développement du Réseau routier Conseil Général du Gard. Conférence sur l'ingénieur Pitot
XIXème siècle
Entre 1835, Prosper Mérimée 1er inspecteur des Monuments historiques constate le triste état du Pont du Gard : « Les grands arcs sont dans un état épouvantable, un certain nombre de claveaux sont détachés, et tous sont rongés de manière à donner de vives inquiétudes. Le rapporteur pense que c’est une affaire dont il faut s’occuper sans perdre de temps, car l’administration serait impardonnable s’il arrivait un accident. » En 1840, Mérimée fait inscrire le Pont du Gard sur la première liste des monuments majeurs par la Commission des monuments historiques.
Entre 1842 et 1846, les restaurations commencent. Charles Questel, architecte chargé des monuments de Nîmes et du Pont du Gard y procède. Un escalier à vis en amont est construite à cette occasion.
En 1844-1845, des ingénieurs songent à réutiliser l'aqueduc pour alimenter Nîmes et ses industries textiles.
De 1855 à 1859, une seconde campagne de restauration est conduite par l’architecte Jean-Charles Laisné.
Autour de 1865, création d’un relais de poste, sur la première ligne de chemin de fer établie dans le Gard.
Un modèle d’architecture, source d’inspiration pour les artistes
Objet d’émerveillement, le Pont du Gard reçut la visite d'hôtes illustres qui laissèrent des « traces » de leur venue.
Rabelais, fit de son héros « Pantagruel », l'auteur du pont en moins de 3 heures.
Jean-Jacques Rousseau eut la révélation du génie romain, transporté dans la contemplation du « géant de pierre ».
Il faut rappeler aussi l’émotion de Stendhal devant le monument : « En face du Pont du Gard, l’âme est jetée dans un long et profond étonnement. C’est à peine si le Colisée à Rome m’a plongé dans une rêverie aussi profonde ». (1838)
Le peintre Hubert Robert (1733-1808), réalisa de nombreux tableaux inspirés par la poésie des ruines antiques, tel le Pont du Gard en 1787 (Musée du Louvre).
Le Pont du Gard, par Hubert Robert - 1787 (Musée du Louvre, Paris)
La dernière partie du Musée relate la seconde vie de l'aqueduc
Rendez vous dans les galeries du Musée pour découvrir en images et en reconstitutions les marques des Compagnons du Tour de France, les cartes du Moyen Âge, les plans des architectes et ingénieurs de l'époque moderne, ...